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4 décembre 2011

Moment perso...

relax

Comment se reposer sans culpabiliser ? Drôle de question, allez vous me dire, mais je m'explique... Comme vous devez le savoir maintenant, j'attends un ptit bout d'choux pour fin mars. Et contrairement à ma première grossesse, celle ci entraine beaucoup de fatigue. L'âge (j'ai 39 ans), le boulot, ou simplement mon corps, je ne connais pas l'origine de cette fatigue, je ne suis pas médecin. La première fois que j'ai signalé cet état à mon gynéco, il m'a demandé quelle profession j'exerçais. "Professeur d'histoire/géo" ai-je répondu. Et là, la réponse qui m'a sidérée : "oh mais ça va, vous êtes bientôt en vacances, vous allez vous reposez". Donc, première impression que ça laisse, c'est que vous aves le droit d'être fatigué dans certaines professions, pas dans d'autres. Ok, je veux bien. Certes, je ne travaille pas d'équipe, je ne fais pas les 3/8, je ne suis pas debout 8h par jour comme une infirmière, je ne fais pas 12h par jour comme un médecin etc... Je suis prof, j'ai le cul sur une chaise 4 ou 6h, et je ne fais que parler à des élèves hyper attentifs et super sages. Tous les profs vous le diront, nous avons le métier le plus cool du monde.

Vous avez ensuite le fameux "Tu es enceinte, tu n'es pas malade !" C'est vrai aussi. Les nausées, les malaises ne sont que des petits rappels pour vous dire que, non, vous n'êtes pas malade. Et les comparaisons, entre les wonder women qui ont mené carrière et grossesse jusqu'au bout, vous font sentir toute petite, toute fragile, limite chochotte. "Moi, j'ai bossé jusqu'à 8 mois et demi !" Ok, je suis super contente pour toi, tu veux quoi, une médaille ? Attention, je ne critique pas ces femmes, au contraire, j'aimerais pouvoir avoir une telle "patate" que je puisse tout mener de front aussi. Malheureusement pour moi, ça n'a pas été le cas.

Tout ça pour en venir à cette vérité un peu toute faite : nous sommes toutes différentes. Et je ne fais pas exception. A ne pas vouloir écouter ma fatigue, j'ai fini dans un premier temps avec 2 semaines d'arrêt suite à des problèmes d'hypotension. Certes, rien de grave, mais super désagréable. Et c'est aussi un désagrément qu'ont connu de nombreuses femmes enceintes. Donc pas de quoi se plaindre. Mais bon, je tiens quand même à préciser que le médecin qui m'a arrêtée (qui n'est pas mon médecin habituel) m'a dit que, bon, il m'arrêtait, mais qu'il ne voyait aucune raison organique qui justifiait une 2è semaine d'arrêt. Et là, vous commencez à légèrement culpabiliser. Ben oui, en plein débat sur les fraudeurs aux arrêts maladie, sur ces affreux profiteurs qui volent le système et en abusent encore et encore, vous vous sentez légèrement montré du doigt. Et toujours le fameux "tu es enceinte, pas malade". D'où des coups de fil limite désespérés aux supers amies, dans le style "t'en penses quoi, tu ferais quoi". Et commes vos supers amies vous aiment, première réponse : "pense à toi et au bébé". D'accord. Là, vous vous sentez un peu plus légitimes dans votre arrêt (merci Alfie et Paola). Mais bon, la peur d'avoir trop bonne mine si le médecin de la Sécu vient vous contrôler est tout de même là.

Donc c'est presque rassurant, lorsque vous reprenez le boulot (parce que oui, vous reprenez le boulot, vous êtes un bon citoyen, pas un voleur affreux profiteur méchant laid beurk) et qu'on vous dit "t'as vraiment une sale mine", ou "t'as l'air crevé, t'es sûre que ça va ?" ou mieux "franchement, je ne pensais pas que tu reviendrais". DOnc vous reprenez, vous sortez de 4h de cours comme si vous en aviez eu 12 mais vous tenez. Jusqu'au jour où vous expliquez à votre soeur que ça fait plusieurs jours, voire 3 semaines que vous avez des douleurs dans le bas ventre, genre on vous chope le ventre de chaque côté, qu'on serre, qu'on relâche tout doucement et que votre ventre devient dur à chaque fois que ça se produit. Et que votre soeur vous regarde avec des yeux ronds comme des soucoupes et vous répond : "Euuuh mais ça ressemble drôlement à des contractions ça !" Des contractions ?? Tu veux dire comme les trucs qu'on a avant l'accouchement, qui font très très mal et qui n'arrivent normalement qu'en fin de grossesse ? Ben oui, celles là même. Et là, vous flippez pour de bon. 5 mois de grossesse, et des contractions, y a comme un truc qui va pas. Alors, vous consultez plein de sites internet qui, soit vous font encore plus flipper, soit vous embrouillent totalement entre le "c'est normal, ça arrive" ou le "consultez tout de suite votre médecin". J'ai donc consulté mon médecin, celle qui me suit habituellement. Description des symptômes, examen, et verdict : arrêt jusqu'à la prochaine visite chez le gynéco (qui fait un peu effet de grand manitou) et forte recommandation de demander un arrêt complet jusqu'aux congés maternité. Soit 3 mois et demi jusqu'à l'accouchement. Et là, questions existentielles : "Et mes cours, et mes élèves, et le boulot, et qu'est ce que va penser mon chef ??" Alors là, on s'en fout si tu veux, il s'agit de toi, de ton bébé, et de votre santé. Et personne n'est indispensable. Et qu'est ce qui est le mieux : que tu t'arrêtes et que ta grossesse se poursuive dans les meilleures conditions, ou que tu continues, juste pour voir jusqu'où tu peux aller et que tu risques de finir ta grossesse au lit, avec interdiction de bouger, ou pire, un accouchement prématuré ? Oui, alors présenté comme ça, le choix est vite fait.

Bref, tout ça pour dire qu'il y a des moments où il faut savoir s'écouter, que lorsque tout vous dit que vous devez faire une pause, c'est qu'il y a une bonne raison. Que lorsque votre corps commence à vous envoyer des signaux d'alarme, il faut savoir les regarder. Et il vaut mieux entendre de votre médecin que vous devez faire une pause de quelques jours, histoire de recharger les batteries, plutôt que de finir sous Prozac, Xanax et autres joyeusetés pharmaceutiques. Et qu'il faut encore plus s'écouter lorsque vous portez la vie, parce qu'il ne s'agit pas que de vous, mais de deux vies. Nous sommes dans une société qui prône le travail, le travail toujours le travail. Rien à redire à ça, je pense que les gens qui en sont privés sont trop nombreux et qu'avoir un emploi est une chance. Mais je ne peux être d'accord avec cette culpabilisation qu'on nous assène à longueur de journée depuis quelques mois, où, sous prétexte de sortir d'une crise dont finalement nous ne sommes pas responsables, on stigmatise les malades, les médecins qui sont à l'écoute de ces mêmes malades et tous ceux qui n'ont pas forcémdent ni la même force, ni les mêmes aptitudes que d'autres plus forts.

Voilà, je ne sais pas si j'ai été claire, mais c'était un moment vécu, que j'avais envie de partager. Je ne vous demande pas d'être d'accord avec moi, je n'ai pas écrit cet article pour avoir l'approbation ou la désapprobation des personnes qui vont me lire. Juste partager une expérience, une opinion, un ressenti. J'espère ne pas avoir été trop longue, et que vous n'avez pas abandonné en cours de route !

Très bon dimanche à tous.

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Commentaires
N
Comment, tu ne veux pas faire plus d'heures pour moi ? Pffff... Je suis déçue... :)
N
C'est surtout une façon de parler ;-)
N
Nymphette, merci beaucoup ! Et bon, j'espère que tu ne travailleras pas plus pour moi ! Je crois que j'ai dû cotiser assez pour cet arrêt et mon congé parental. Mais c'est très généreux de ta part ! Bon lundi (oui, ça peut exister de bons lundis ;-) ) Bisous
N
Oh, ptite Choup'! Je comprends trop bien ton sentiment! Moi-même il m'arrive d'aller travailler quand je suis au quatrième dessous et au dixième paquet de mouchoirs ;-) parce qu'il le faut pour ne pas handicaper l'équipe ou ne mettre personne dans l'embarras... mon confort ma santé on s'en préoccupe?, non jamais!<br /> Alors, oui, repose-toi prends du temps pour toi, tu y as droit et de mon côté je travaillerai avec un peu plus de plaisir en pensant que c'est aussi un peu pour que toi u bénéficies de nos avantages sociaux propres à la France! Bises!
N
Merci ma belle. Je crois que c'est encore pire de nos jours ! Il faut des suicides sur les lieux de travail pour qu'on prenne conscience du mal être professionnel... C'est assez effrayant. Mais tu connais bien tout ça, tu le rencontres assez souvent !
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